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L'info marché du jour L'accord sur le transport de céréales en Mer noire ne suffira pas, selon Coface

Depuis sa mise en place en août 2022, plus de 27 Mt de produits agricoles ukrainiens ont transité par le corridor en Mer noire. (Aleksandr Mokšyn, AdobeStock)

Même s’il a « permis de relâcher la pression » sur l’offre céréalière mondiale, le renouvellement pour deux mois du corridor en Mer noire va laisser persister en 2023 « les graves tensions d'approvisionnement qui ont vu le jour avec le début de la guerre en Ukraine », estime le groupe Coface.

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« Le renouvellement de l’accord sur le transport des céréales en Mer noire ne résout qu’une partie des problèmes du secteur agro-alimentaire liés à la guerre en Ukraine », écrit dans un communiqué l’entreprise Coface, spécialisée dans l’assurance-crédit et la gestion des risques.

Elle revient sur les perturbations des expéditions maritimes de céréales en Mer noire liée à la guerre, « alors même que la Russie et l'Ukraine représentent 25 % des exportations mondiales de blé » : baisse de 50 % des flux transitant par le détroit du Bosphore par rapport à la situation d’avant-guerre, craintes pour les pays très dépendants aux importations.

D’ailleurs, « l’approvisionnement en ressources agricoles constitue pour la Russie un levier de pression sur les pays occidentaux notamment, par le biais de l'empathie de l'opinion publique, sensible au risque croissant pour la sécurité alimentaire des pays en développement », analyse le communiqué.

Il s’inquiète aussi de la destruction « des terres arables, des infrastructures, et des équipements en Ukraine » occasionnés la guerre. Les surfaces cultivées ont ainsi baissé de 25 % entre 2021 et 2022 selon l'Association ukrainienne des céréales, « la contamination des terres liée aux bombardements menace les récoltes futures », 618 sites industriels ou infrastructures critiques ont été détruites en Ukraine depuis le début de la guerre, d’après l’Onu.

Même si elle apporte « une bouffée d’air frais au marché », l’extension de soixante jours de l’accord sur le corridor d’exports de céréales en Mer noire ne résout donc pas les problèmes d'approvisionnement à long terme, pour Coface : cette échéance à deux mois maintient « le risque de rupture d’approvisionnement de certains pays ».

2023 restera une année de forte tension entre offre et demande, explique de plus l’entreprise : « la production mondiale de céréales devrait afficher une baisse de 2 % pour la saison 2022/23 » tandis que « le demande est soumise à une forte inertie ».

À cause des difficultés d'approvisionnement et des prix élevés sur les marchés, « certains pays pourraient être tentés de remettre en place des dispositifs protectionnistes similaires à ceux qui ont vu le jour en 2022 pour faire face aux pressions inflationnistes ou à des pénuries alimentaires ».

Le repli de l’offre céréalière mondiale devrait par ailleurs « accentuer la concentration des stocks dans quelques pays clés », « au détriment de la fluidité du commerce international de céréales, surtout dans un marché en tension ». Les pays exportateurs de céréales constituent de moins en moins de stocks (7,3 % des stocks en 2022, contre 11,3% en 2010), quand la Chine détient désormais plus de 50 % des stocks mondiaux de blé.

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